Le changement de nos habitudes

Les habitudes sont ancrées solidement à notre quotidien. Leurs attaches dans nos journées sont telles que nous réalisons certaines sans y penser, presque automatiquement. Des scientifiques ont mené des études sur le sujet. Leur conclusion est qu’elles régissent entre 40 et 50% de notre quotidien et il existe une probabilité que les habitudes occupent davantage de place dans notre emploi du temps. Les habitudes sont en place car elles nous aident à économiser de l’énergies. Notre cerveau adopte des automatismes sur des tâches réalisées régulièrement afin de nous rendre plus efficient et efficace. Ainsi, nous prenons moins de temps à les réaliser et nous consacrons moins d’énergie. Ce principe est l’une des clés de voute du taylorisme : la spécialisation dans une tâche rend l’individu plus efficace dans la réalisation de celle-ci (principe que l’économiste Frederick Taylor a poussé jusqu’à l’aliénation de l’individu, ce découpage scientifique des tâches dans l’industrie sera vivement critiqué et dénoncé).

Si nous devons appliquer cette loi à un exemple nous pourrions dire qu’emprunter tous les jours le même chemin pour se rendre au travail constitue une habitude. C’est une tâche réalisée machinalement, sans que nous ayons besoin de mobiliser pleinement notre réflexion. L’économie d’énergie faite servira à la réalisation de tâches plus ardues pendant la journée. Néanmoins, ces automatismes sont également à l’origine d’inertie, de résistance au changement. Ce phénomène est connu des chefs de projets et des organes en charge du changement en entreprise. En effet, l’adoption d’un nouveau projet en entreprise (quel que soit sa nature et son impact) fait systématiquement l’objet de politique de conduite au changement. Ces politiques comportent des sessions de formation, la fabrication de support de communication autour du projet (mails, affichage), le retour des utilisateurs, etc. L’omission de l’accompagnement des salariés au changement entrainera une opposition à toutes modification de leur quotidien, un rejet du projet. Ritualiser ce changement en entreprise permettra de le comprendre, de l’intégrer et de se l’approprier.

Dans The Power of Habit, Charles Duhigg, un journaliste américain, explique comment se débarrasser d’une habitude. Il a observé ses propres habitudes en entreprise, entre autres, et en a conclu que changer ces habitudes requiert de comprendre la véritable raison de leur existence afin de les détourner. Cependant, il est compliqué de se défaire d’une habitude. Ainsi, les auteurs de Change Anything citent une étude réalisée sur 5 000 personnes pour illustrer le fait qu’il est difficile de se défaire d’une habitude ancrée. En effet, moins de 10% des participants à l’étude ont réussi à changer leurs habitudes.

Une curieuse solution s’érige en constat : changer d’habitude est complexe parce que nous sommes concentrés sur le changement. Si une habitude s’installe pour nous économiser de l’énergie, faire des efforts pour changer est par définition voué à l’échec.

Tout changement réussi nécessite :

  •  Une approche non ambitieuse ;

  • De l’enthousiasme ;

  • Peu ou pas d’effort.

    Le changement est difficile s’il ne tient pas compte de ces trois paramètres et nous retournons à nos anciens réflexes. La solution est paradoxale mais en matière de changement, notre réussite est fonction du peu d’effort fourni.

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